Expérience autrichienne sur la fin de vie

Webinaire SFAP, mars 2023.

Par Christiane Damry, Présidente ASP87 Clown Doux – Mars 2023

  • Cette législation instrumentalise le personnel médical, qui est dépassé et se sent abandonné par sa hiérarchie, qui se dédouane de sa responsabilité.
  • 160 millions devaient être alloués à cette nouvelle disposition, pour une population de 9 millions d’habitants, mais personne n’a encore perçu cet argent. Nous sommes à 50% des effectifs. Le Ministère exige des critères de qualité de SP pour verser l’argent, c’est ce qui génère ce retard
  • Beaucoup de malades qui auraient besoin d’une hospitalisation en soins palliatifs n’y ont pas accès (…)
  • Sur la totalité des personnes qui ont reçu le produit, 1/3 ont accompli l’acte. Les 2 autres tiers peuvent le garder (valable un an). Toutefois, aucun dispositif de contrôle n’est prévu sur la traçabilité ou la date d’utilisation. Quid d’une date dépassée ?
  • C’est le Pentobarbital 15 g qui est employé. Des cas où le produit ne fait pas effet, ou mal, ont été rapportés. Il peut s’agir de malades qui ont subi une résection intestinale importante
  • Ce processus n’est pas inscrit sur les actes de décès comme « mort naturelle ». Il n’y pas d’accès pour les mineurs.
  • Le SA est décrit dans les media comme une décision individuelle de liberté de ne pas subir des soins contre leur volonté, et de dignité.
  • Ces nouvelles obligations peuvent créer des dissensions dans les équipes, les autres spécialités se débarrassent de ce sujet sur les SP

NB : ce chiffre est bien celui qui a été dit : 1 seul suicide pratiqué en SP, sur une totalité de 30 (5 à l’hôpital ou en EHPAD, les autres pratiqués dans le cadre privé, pas de médecin ni de soignant pour y assister, mais chaque membre de l’équipe de SP peut décider d’être présent auprès du malade malgré tout

La législation

Une loi légalisant le suicide assisté est entrée en vigueur le 1er janvier 2022. Cette législation est proche de celle de l’Oregon.

Les critères exigés pour une demande de suicide assisté :

  • Maladie sévère et incurable avec des symptômes persistants, dont les conséquences affectent durablement le patient. A noter que la maladie ne doit pas nécessairement faire l’objet d’un pronostic vital à court terme (contrairement à l’Oregon où le décès est censé intervenir dans les 6 mois).
  • État de souffrance qui ne peut être évité ni apaisé
  • Être en capacité de consentement depuis la 1ère visite au médecin jusqu’à l’acte de suicide assisté
  • Quel bilan tirez-vous d’une année de mise en pratique de la législation de SA en Autriche ?
  • L’euthanasie a-t-elle été une alternative envisagée par le législateur ?
  • Les actes de SA peuvent-ils se dérouler en Autriche dans des institutions publiques ?
  • Comment jugez-vous la forte implication des médecins en soins palliatifs dans les consultations obligatoires ?
  • Du point de vue des SP, étiez-vous préparés à ce changement ?
  • Pensez-vous que les médecins en SP vont s’habituer à ce rôle de validation des critères d’éligibilité ?
  • Quel impact avez-vous constaté sur les équipes de soins palliatifs ?
  • Considérez-vous que votre implication dans les consultations préliminaires constitue elle-même une assistance au suicide ?
  • L’acte de suicide lui-même est-il considéré comme un geste médical ?
  • Comment s’opère en Autriche l’implication des psychiatres dans toute la phase de consultation ?
  • Parmi les critères d’éligibilité, nous notons qu’il n’y a pas dans le texte de votre loi de critère de pronostic vital engagé à court terme, comme cela est le cas en Oregon. Cela n’est-il pas problématique ?
  • Comment jugez-vous le passage obligatoire des patients ayant obtenu une prescription létale par un notaire, qui s’assure, au terme du parcours, du consentement éclairé du patient ?
  • Que pensez-vous du contrôle de la procédure mis en place par le législateur ?

QUESTION SFAP : Comment répond-on à une demande de SA d’un patient hospitalisé en SP ?

  • Au début c’était une question taboue, les hôpitaux ont refusé, mais à Vienne cela se pratique sans publicité

QUESTION SFAP : si un proche aide à prendre le produit, est-il traité de coupable ?

  • Les proches peuvent aider, mais l’acte est accompli par le malade. Si le produit est administré en intraveineuse, c’est le malade qui ouvre la perfusion. L’exécution est toujours pratiquée par la personne elle-même
  • A l’hôpital, les médecins ne doivent pas assister, ni les soignants.

Mais le médecin interviewé dans cette conférence a précisé que « rien ne peut empêcher un médecin d’assister quelqu’un qui en a besoin »

  • En foyer ou en EHPAD, c’est différent, le personnel peut être présent
  • Un coût de 200 euros est appliqué pour nettoyer la chambre
  • Le produit coûte100 euros (lorsqu’on le prend à domicile)
  • La transition vers l’euthanasie est très problématique en Autriche, cf. le passif nazi
  • La nationalité autrichienne est obligatoire, ou de résider en Autriche depuis plusieurs années
  • Interdire le SA est considéré comme une position contre les droits fondamentaux

QUESTION SFAP : des médecins ont-ils quitté les soins palliatifs après la loi ?

  • Nous ne savons pas, cela n’a pas été examiné

QUESTION SFAP : en cas de souffrance réfractaire (SLA) ont-ils accès au SA ?

  • Si les 2 médecins sont OK, oui, en cas de symptômes présents et réfractaires au traitement, mais en toute fin de vie

QUESTION SFAP : les bénévoles peuvent-ils accompagner une personne qui projette de faire un SA ?

  • Oui

QUESTION SFAP : Un hôpital peut-il refuser le SA ?

  • Non, c’est exclu.

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